La nouvelle annexe aux façades en bois finement sculptées.
Depuis 2004, El Fenn fait vibrer la médina. La boutique regorgeant de créations locales, le restaurant et le rooftop offrant une vue spectaculaire sur la mosquée Koutoubia sont devenus un passage obligé pour voyageurs et locaux. Après deux décennies d’histoire, l’hôtel poursuit son évolution pour répondre aux attentes d’aujourd’hui.
Le studio d’architecture Aire au Carré, installé à Marrakech depuis 2007 , est alors sollicité pour orchestrer cette transformation. Sa mission ? Rénover et agrandir le lieu tout en respectant son esprit éclectique et vivant. « À l’époque, El Fenn comptait trois entrées. Les visiteurs allaient et venaient librement comme ils le souhaitaient, sans réelle cohérence dans la circulation », explique Sylvain, cofondateur du studio. Si la dernière extension, rendue possible par l’acquisition d’un riad voisin, a permis d’ajouter de nouvelles chambres, portant le total à 42, l’intervention des architectes s’est concentrée sur la réorganisation des espaces, notamment de la boutique. Redessinée autour d’un somptueux escalier en colimaçon habillé de zelliges rouges, elle devient le passage naturel vers les espaces publics de l’hôtel : le restaurant, le rooftop et sa piscine. « Cet escalier devient l’élément clé qui connecte désormais l’hôtel à ses espaces ouverts. Les visiteurs extérieurs peuvent ainsi se rendre depuis la boutique au rooftop et au restaurant, libérant le lobby principal, plus intime et à l’écart du fourmillement de la ville », ajoute Dorothée, l’autre moitié du duo créatif.
Sur le nouveau rooftop, la piscine entourée d’oliviers et
de plantes grimpantes.
Mais la métamorphose d’El Fenn ne se limite pas à sa restructuration. « Le riad possède une identité forte, ancrée dans l’art et la couleur, que nous voulions faire transparaître dans les extensions », poursuit Dorothée. Son nom, dérivé d’un terme arabe signifiant « art », illustre cette vocation artistique. Sous l’impulsion de Vanessa Branson, l’une des propriétaires de l’hôtel, chaque espace est ponctué d’œuvres contemporaines et de mobilier chiné, évoluant au fil du temps et des acquisitions. Cette approche artistique inspire les architectes, qui prennent également soin dans leurs projets de mêler tradition et modernité. Les nouvelles parties prolongent ainsi cette vision colorée. Marbres, zelliges aux motifs ancestraux, ferronneries dessinées sur-mesure : chaque détail a été pensé en collaboration avec des artisans locaux. « Ce qui nous plaît à Marrakech, c’est qu’il n’y a pas de limites créatives », racontent-ils. Le patio de la première extension en est un exemple frappant avec ses façades en bois sculpté. Un décor saisissant qui invite à la contemplation tout en incarnant l’esprit unique de l’hôtel.
Du rooftop animé par les parasols de couleurs vives,
aux canapés de velours mêlés à la vaisselle traditionnelle, tout
reflète l’artisanat local.
L’aménagement de l’hôtel est réalisé avec brio grâce à l’énergie nouvelle insufflée par les propriétaires. Si certaines chambres sont rafraîchies, ce sont surtout les espaces communs qui se réinventent. Le restaurant est réorganisé, accompagné d’un bar, et le rooftop est agrandi pour accueillir une nouvelle piscine et une programmation musicale hebdomadaire. « L’idée était claire : si nous pouvions admirer la Koutoubia depuis cette terrasse, alors le défi était relevé », confie le duo. Pari réussi : El Fenn rayonne plus que jamais, entre art, convivialité et hospitalité.